La Cour constitutionnelle révise la Constitution du Bénin

21 août 2015

La Cour constitutionnelle révise la Constitution du Bénin

Depuis l’avènement de la démocratie en Afrique, la tentation est forte de réviser à chaque fois la loi fondamentale des pays du continent. Je ne me permettrais pas de citer les présidents qui ont mordu à l’appât. Presque tous ont succombé au désir de se maintenir au pouvoir après leur mandat : on change la règle du jeu au cours du jeu. Au Bénin, le général Mathieu Kérékou a voulu proroger son séjour au palais de la Marina après dix ans d’exercice. Son successeur au luxueux palais, après le retentissant KO de 2011, n’a pas aussi manqué de se laisser prendre par la griserie du pouvoir en dépit de la loi qui fixe à deux mandats le séjour présidentiel à la tête de la nation.

Mais hélas, il devra abandonner ce souhait. Beaucoup d’obstacles se dressèrent devant lui malgré la toute-puissance du régime. D’abord ce fut la brouille entre les ex-financiers de la campagne présidentielle. Sur fond d’accusation de tentative d’empoisennement du boss et de coup d’Etat, les relations entre le patron et ses anciens alliés se sont fortement détériorées. Des ministres et un médecin personnel furent jetés en prison avant d’être graciés quand le bailleur et son avocat juge prirent la clé des champs pour sauver leur maigre peau.

D’un autre côté, ce fut les forces politiques qui abandonnèrent le capitaine du bateau quand les organisations de la société civile s’alignaient vaille que vaille sur une orientation à prendre pour contrecarrer le plan de révision de la Constitution. Dès lors le boss fut contraint de revoir sa position sans toutefois retirer sa requête de révision de la Constitution. Le peuple suivait attentivement le dossier.

La réponse est venue de la Cour constitutionnelle, garant constitutionnel du respect de cette même Constitution. Les sept sages de la Cour par leur décision DCC-15-156, vont faire une levée de boucliers sur l’âge légal de dépôt des candidatures pour l’élection à la magistrature suprême en autorisant ceux qui auraient 40 ans avant la date du dépôt des dossiers de candidature à se présenter à la présidentielle. Entre autres conditions pour être candidat à la présidentielle, l’article 44 stipule : « Nul ne peut être candidat aux fonctions de président de la République s’il n’est âgé de 40 ans au moins et 70 ans au plus à la date de dépôt de sa candidature……….>>

Ainsi donc en douce, sans tambour  ni trompette, la Cour constitutionnelle vient de réviser la Constitution. Pas besoin de slogans style « NE TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION »>, comme en 2005. Tout s’est passé entre les quatre murs dorés de l’institution suprême et avec quelques coups de téléphone. Pour le moment, personne n’ose trop lever la voix, car la même Constitution affirme que les décisions de la Cour constitutionnelle sont sans recours. Mais la seule question qui reste posée est de savoir à qui profite cette révision ?  Wait and see. Une fois encore j’affirme que l’Afrique ne souffre ni de faim ni de pauvreté, mais l’Afrique est malade de ses cadres et de ses intellectuels.

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